Avez-vous déjà réalisé un rêve ? Mais un vrai rêve ; celui qui vous laisse une forte impression et auquel vous pensez
encore dans la journée après que le réveil l'ait brusquement interrompu !
Eh bien moi j'ai réalisé mon rêve. Un rêve que j'ai fait à plusieurs reprises ; et un beau matin, hop ! Je suis dans
mon rêve.
Ai-je parlé en dormant ? L'ai-je déjà conté ? Je ne sais plus ! Mais parmi les cadeaux que j'ai reçus pour mes 50 balais,
Annabelle, Alexandra et Jordane m'ont offert la possibilité de piloter une Ferrari sur un circuit.
Une vraie Ferrari, sur un vrai circuit. C'est dingue !
Par ce matin ensoleillé du 4 octobre 2008 je me rends au circuit automobile de Marcoussis, dans l'Essonne (91). Le Rendez-vous était pris depuis
plusieurs semaines déjà. La peur du mauvais temps, de la pluie, de l'orage, d'un ouragan, d'un typhon voire d'un Tsunami s'estompe
en ouvrant les volets et en apercevant le soleil.
Ce soleil d'octobre 2008 à Marcoussis est pour moi ce que celui de décembre 1805 à Austerlitz fut pour Napoléon.
Euh, là je m'égare un peu.
Tom-tom au pare-brise et appareil photo en bandoulière je traverse la morne plaine de la Beauce. Tels les canons de la Grande Armée, la sucrerie d'Artenay fume de bon matin.
Le fait d'avoir failli perdre Lawrence D'Arabie dans un désert obligea les hautes autorités à implanter des éoliennes pour retrouver son chemin à travers les grandes étendues de la Beauce. Je décide donc de les suivre pour m'approcher de la Capitale.
Après avoir croisé la forteresse d'Estampes, je mets le cap sur la tour de Montlhéry. L'étendard qui flotte à son sommet m'indique la route pour me rendre à Marcoussis. Puis tel un Cheyenne sur le sentier de la guerre, tom-tom me dirige sur le théâtre des opérations.
Un vrombissement de voitures m'accueille et commence à me titiller. Et là, devant moi, des bolides plus prestigieux les uns que les autres défilent à vive allure sur le circuit. Je n'ai même pas conscience que dans quelques minutes ce sera mon tour d'être au volant.
Il y en a partout des jouets ... !
Comment cela se passe-t-il ?
Vous croyez que l'on vous donne une clé de voiture et que vous allez faire vos petits tours et repartir ? Que nenni !
Je suis accueilli par une hôtesse qui m'oriente vers la salle de briefing.
Là, parmi tous les apprentis pilotes, je découvre et j'apprends tout ce qu'il faut savoir pour prendre le volant d'une telle voiture.
Comment négocier un virage et ne pas faire un tête à queue en sortie, comment freiner efficacement avec une voiture de course (Non ! Ce n'est pas pour éviter que les courses passent du coffre dans l'habitacle une fois que vous êtes sorti du supermarché, soyons sérieux quand même ! D'abord c'est une voiture de course et pas de courses. Faut suivre un peu !)
Donc après avoir appris à doser le freinage, à proscrire le frein moteur et à négocier les virages pour maîtriser la force
centrifuge (FC=MV²/R) je découvre le circuit.
Ce dernier m'est présenté par un pilote qui m'emmène à bord d'un Hummer. Le fond du siège du Hummer est plus haut que le toit de n'importe quelle voiture de course présente sur le circuit. Le pilote conduit vite ; mais toutes les voitures nous doublent pendant cette présentation.
Retour au stand. Là on me donne une magnifique Charlotte seyante à souhait afin de protéger ma belle mise en plis sous un casque de pilote qui n'a rien à envier à celui d'un salon de coiffure de Garges-lès-Gonesse. Mais bon ! ça fait coureur. Quoique ...
Puis une hôtesse, probablement charmante mais le rouge Ferrari commençe à m'aveugler, me
désigne LA Ferrari que je dois rejoindre.
Tel John Wayne se dirigeant vers son mustang à poil court dans la Sierra Nevada, je me dirige vers mon Cavallino Rampante dans les stands. Si le Hummer avait un marche-pied en guise d'échelle pour monter dans l'habitacle, la Ferrari mériterait d'être dotée d'un chausse-pied pour y pénétrer. Mais il est vrai que les options sont chères, ceci explique peut-être cela.
Le co-pilote m'informe
- que cette F430 est équipée d'une boite de vitesse F1, il n'y a donc pas d'embrayage, pas
de levier de vitesse mais des palettes situées derrière le volant pour monter ou descendre les rapports
- qu'il faut tenir son volant à 9 heure et ¼ (ou à 3 heure moins le ¼ pour les gauchers), etc.
Après avoir été attentif aux propos du co-pilote présent à mes cotés je recueille ses derniers conseils comme on recueille
une dernière prière. C'est vrai que je suis au volant et qu'il a la place du mort ; mais il n'a pas le choix, il n'y a pas
d'autre siège. Car derrière nous, juste derrière nos sièges, il y a un moteur qui fait plus de bruit que des mômes un jour
de départ en vacances. Si ! C'est possible, j'en ai eu la preuve.
Alors je freine pour passer en première et j'accélère doucement pour rejoindre, au ralenti, la sortie des stands.
Et là, c'est le moment magique.
Je libère les 490 chevaux du V8. Cette voiture est annoncée comme roulant de 0 à 100 km/h en 4 secondes, je ne peux pas vérifier
car je surveille la route. A chaque fois que je passe une vitesse j'ai l'impression que je suis à l'arrêt et que la voiture
démarre à nouveau tant le moteur est puissant.
La ligne droite est dans la forêt, ce qui augmente encore le chant du moteur. Je me demande si on a mis un casque pour se protéger d'un éventuel accident ou pour éviter de devenir sourd.
Le chant d'une Ferrari est plus beau et plus fort que celui de Luciano Pavarotti.
Devant moi un Hummer ; mais il recule ? ! ? Non, c'est que je vais très vite.
En le doublant je pense aux Dupont dans Tintin au pays de l'Or Noir.
Pourvu qu'un passager ne descende pas en se croyant à l'arrêt !
Pour ceux qui ne connaissent pas, j'ouvre une parenthèse (
Parenthèse que je n'oublie pas de refermer )
C'est fou le nombre de parenthèses qu'on peut oublier...
Puis je double une petite Porsche que je dépose là comme une petite
mignonne petite voiture.
L'Aston Martin rentre au stand, alors je freine avec mes amis Corse et Arménien (Parcimonie et Bonescient) et je la double.
Une Lamborgini qui découvre le circuit
le pilote doit effectuer son premier tour, il me laisse passer.
Puis je rattrape la R8 (Audi, pas Gordini, pufff !) ...
... et je l'avale comme du whisky un jour de l'an. La piste défile de plus en plus vite au fil des tours ...
Mais le reste je ne vous le raconte pas, je le garde pour moi.
Alors toutes les bonnes choses ont une fin et je rentre au stand.
Je m'arrête et passe au point mort ; un coup d'accélérateur pour être sûr que le pot d'échappement
ne s'encrasse pas (on ne sait jamais). Je remercie et salue mon co-pilote éberlué d'être encore vivant.
Quand je pense que je voulais rouler à 30 km/h pour profiter au maximum de la Ferrari, je ne sais pas si elle ne cale pas en
dessous de 230 km/h.
Je descends de ce bolide et je reprends mes esprits que j'avais dû déposer là, au stand, avant de démarrer. Je ne
m'en étais même pas rendu compte.
Puis je regagne ma voiture de courses (celle dont les paquets passent à l'avant ... Oui, celle-là, y'en a qui suivent !)
Je mets la clé de contact, je tourne et je m'étonne qu'elle ne démarre pas. Alors je regarde derrière moi, il y a
trois sièges. Le moteur doit donc être devant ... . En fait elle a démarré mais le moteur n'a pas le même bruit. Je
sors du circuit et tout semble vivre au ralenti, rien n'avance, rien ne bouge, tout est calme...
Heureusement qu'il y a des panneaux qui rappellent : « veuillez ralentir, vous avez quitté le circuit , etc »
Alors je mets un peu de musique, faute de chant d'un V8, je roule doucement vers la maison.
Et là je me remémore ces minutes inoubliables qui m'ont été offertes par Annabelle, Alexandra et Jordane où
j'étais sur un petit nuage ... un petit nuage rouge.